Le running, nouvelle appli de rencontre ?

Communauté
22/05/2025 21:32

Et si la vraie alchimie ne naissait plus dans un bar bondé ou derrière un swipe hésitant, mais au détour d’un segment partagé sur Strava ? Alors que les applis de rencontre intègrent de plus en plus la dimension sportive, et que l’appli préférée des runners se transforme en lieu de flirt discret, une tendance inattendue se dessine : celle des relations qui débutent… en baskets.


Et si le vrai match de 2025, c’était Strava ? À coups de Kudos bien placés, de segments partagés et de commentaires qui flirtent gentiment, l’appli préférée des runners se transforme doucement en terrain de drague. Pendant que certains se rencontrent encore sur Tinder ou Bumble, d’autres optent pour une approche plus… cardio. Pas de bio, pas de swipe, mais une sortie longue commune et des échanges post-course qui en disent long. Et ça fonctionne. Tellement que les applis de dating traditionnelles commencent à réagir : catégories “sportives” dans les profils, centres d’intérêt running-friendly, événements collectifs… Le sport est devenu un levier stratégique. Voici l’avènement d’un match dans le match : celui entre les applis de rencontre classiques et ce bon vieux Strava, qui n’avait rien demandé mais qui pourrait bien voler la vedette.

| Tinder : le dinosaure qui tente la gym douce

Du côté des applis de rencontre classiques, le virage « sport & lifestyle sain » est bien engagé. Tinder, c’est le mastodonte du genre. L’appli qui a normalisé le swipe comme réflexe générationnel. Et si elle garde une base d’utilisateurs immense, elle a bien senti que l’époque change. Fini le « hook-up app » un peu trash des débuts : Tinder veut aujourd’hui devenir plus sérieux, plus engagé, plus… transpirant ?

En 2023, la plateforme a lancé une campagne baptisée It Starts With a Swipe avec une volonté claire : valoriser les vraies histoires, les vraies rencontres. Dans le lot, beaucoup de couples racontent s’être rencontrés… en bougeant. Sport, voyage, activités communes. Et même si Tinder ne propose pas encore de filtre “running addict”, l’appli commence à laisser de la place aux hobbies actifs dans les bios et les centres d’intérêt. Autrement dit : le match de 2025 se fait plus sur les Nike que sur le cocktail préféré.

| Tinder se met au running avec le défi “Solemates”

Pour séduire une génération en quête de connexions réelles, Tinder a lancé le “Tinder Solemates Challenge” au Royaume-Uni, en collaboration avec Strava. Le principe : marcher ou courir 21 km avec un.e partenaire entre le 19 avril et le 17 mai 2025, enregistrer l’activité sur Strava, taguer le “Tinder Solemates Run Club” et valider sa participation pour tenter de gagner des récompenses. Les prix incluaient des bons Runlimited, des repas chez Big Mamma ou au Amie Wine Studio, des séances bien-être au sauna, et même un an d’abonnement à Tinder Gold.

Cette initiative s’inscrit dans une stratégie visant à sortir du digital pour recréer des liens dans la vie réelle, en phase avec les attentes d’une jeune génération cherchant des rencontres plus naturelles et authentiques. Le défi a également été intégré au semi-marathon de Hackney Moves, sponsorisé par Tinder le 18 mai dernier, où les coureurs pouvaient profiter d’un espace immersif “The Solemate Takeover” avec DJ trucks, tenues de sport personnalisées et zones chill pour faciliter les rencontres post-course. En s’associant à Strava, Tinder cible une communauté active et connectée, repositionnant ainsi la marque au cœur de la vie sociale urbaine et créant des opportunités de rencontres spontanées au rythme des foulées.

| Bumble : la queen bee du date sportif

Bumble, en revanche, a pris le virage à fond. Dès son lancement, l’appli avait cette ambition de proposer quelque chose de plus sain, plus respectueux, plus aligné avec les codes modernes. Les femmes y font le premier pas, mais ce n’est pas tout : le sport y est devenu un terrain de jeu stratégique. Dans les filtres, on peut indiquer ses centres d’intérêt, et devine quoi ? Le running, la randonnée, le cyclisme ou la muscu font partie du top. Et mieux : Bumble encourage ses membres à se rencontrer dans la vraie vie, autour d’activités qui bougent. Que ce soit pour un cours de yoga, une balade en forêt ou une sortie vélo. Le message est clair : transpirer ensemble, c’est déjà se dire des choses.

| Happn et la drague géolocalisée… version footing

Happn, de son côté, joue la carte du croisement de destins. On match avec quelqu’un qu’on a croisé dans la rue, dans un café, ou… en courant au même endroit. Et ça, l’appli l’a bien compris. D’ailleurs, elle a aussi lancé ses événements sportifs pour ses membres : bootcamps, yoga en plein air, footing collectifs. Le principe : remplacer les messages hésitants par une vraie rencontre, avec un peu de cardio pour détendre l’atmosphère. Résultat : pas besoin de se demander “je lui écris quoi ?”, un échauffement, et c’est parti.

| Fitafy, Kippo, Teamr, et les autres : les outsiders très ciblés

Et puis, il y a les petites applis qui ne s’embarrassent plus du tout du double discours. Fitafy en tête, souvent présentée comme le Tinder des gens actifs. Ici, tout est clair dès le départ : on veut rencontrer quelqu’un qui bouge, qui transpire, qui cale sa semaine sur ses séances. L’interface reprend tous les codes des apps classiques, mais les bios affichent fierté d’être “early runner” ou “crossfit lover”. C’est niche, mais ça cartonne dans certains pays.Dans la même veine, Kippo cible les gamers, Teamr vise les sportifs collectifs, Strava… bon, Strava fait comme si de rien n’était, mais tout le monde a compris. Le filon est là. L’amour en mouvement, c’est le nouveau crédo.

| Strava, ce Tinder qui s’ignore

D’ailleurs Strava… Pendant que les applis de dating se mettent au sport, l’appli préf’ des amoureux de dénivelé, de son côté, continue d’unir les gens sans faire de bruit. Un kudo, un commentaire, un petit mot sur une belle performance… et le contact se crée. Parfois, une sortie partagée devient une habitude. Un segment en commun devient un prétexte pour échanger. Et puis voilà. Le reste suit. Ce n’est pas un hasard si certains parlent de “Strinder” au second voire premier degré.

Ce n’est pas non plus une stratégie officielle de la plateforme, qui garde son image de réseau social sportif bien rangé. Mais dans les faits, il y a de la rencontre dans l’air. Et elle est souvent plus sincère qu’un DM glissé à minuit sur Instagram. Ce qui séduit, c’est le naturel. Pas besoin de se vendre. Pas besoin d’écrire une bio parfaite. Les infos sont là, mais elles sont vécues, pas posées. Un historique d’activités, une régularité, des performances, un parcours… ça en dit parfois bien plus long qu’un texte promo mal inspiré.

| La fusion des mondes

Certaines applis n’ont pas attendu pour sauter à pieds joints dans cette zone grise entre dating et sport. Fitafy, par exemple, propose carrément un concept mixé entre Strava et Tinder : on y rencontre des gens actifs, qui veulent matcher autour d’un mode de vie plus que d’un look. Et elles ne sont pas les seules. D’autres plateformes, plus confidentielles, misent sur le “train & date” en assumant cette idée d’effort commun comme base de connexion. Moins de blabla, plus de moments partagés. Une philosophie qui séduit, surtout chez celles et ceux qui ont l’habitude de caler leurs semaines sur leurs sorties longues.

De l’autre côté, Strava pourrait aussi, à terme, assumer plus franchement son rôle social. Pour l’instant, l’appli reste fidèle à sa ligne. Mais vu le nombre de clubs qui se transforment en vraies communautés locales, d’événements qui finissent en afters, de kudos qui tournent à la complicité, il ne manque qu’un bouton “Courir ensemble” pour boucler la boucle.

| Et dans la vraie vie, ça donne quoi ?

Derrière cette tendance, il y a surtout des histoires. Des vraies. Comme ce couple qui s’est croisé par hasard sur un segment, avant de se retrouver à force de s’envoyer des kudos réguliers. Ou cette amitié née pendant une sortie en club local, qui a basculé sans prévenir après un 10 km où tout s’est calé sans forcer. Et d’autres, encore, qui ont tenté la date footing après un match Bumble en se disant “autant joindre l’utile à l’agréable”. Tous ne finissent pas ensemble, bien sûr. Mais dans tous les cas, la rencontre existe. Elle est vivante. Elle fait du bien. Et dans un monde où les algorithmes veulent tout prédire, courir côte à côte reste un des meilleurs moyens de sentir si quelque chose peut coller.

| Un footing vaut parfois tous les swipes

Le vrai tournant, c’est peut-être là : dans cette envie d’authenticité. Celles et ceux qui se tournent vers le sport pour rencontrer ne cherchent pas un filtre parfait, une photo avantageuse ou une punchline travaillée. Ils cherchent un souffle commun. Une allure. Une envie partagée de bouger dans le même sens.


C’est peut-être moins glamour sur le papier, mais c’est souvent plus vrai. Et si ça ne matche pas ? Pas grave. Le cardio aura progressé. Et il restera toujours ce petit segment où tout a commencé.

Grand format
Campus, la célèbre application de coaching, a récemment publié la deuxième édition de sa grande enquête sur le running. L’occasion d’en savoir plus sur les tendances du running en 2025, une activité en plein boom. Allure moyenne, distance parcourue, volume d’entraînement, course préférée... Tour d’horizon des habitudes qui façonnent la pratique de la course à pied en France. 28/05/2025
La voix des coureurs : Zoom sur la grande enquête du running en 2025
Marathon+1
La voix des coureurs : Zoom sur la grande enquête du running en 2025
26/05/2025
Réseaux sociaux : quel impact sur les coureurs débutants ?
Marathon+1
Réseaux sociaux : quel impact sur les coureurs débutants ?
23/05/2025
Robert Pope cours toujours
Marathon+1
Robert Pope cours toujours
Voir plus
Inscrivez-vous
à notre newsletter
Ne manquez rien de l’actualité running en vous inscrivant à notre newsletter !