Strava, la course aux Kudos et la reconnaissance sociale

15/01/2025 22:39

Fédérant une communauté mondiale de plus de 135 millions de sportives et sportifs répartis dans plus de 190 pays, Strava est bien plus qu’un simple suivi d’activités. Créée par deux étudiants américains en 2009, l’application est devenue un réseau social où la valorisation de soi prime sur la performance.

Lorsque l’on scrolle sur l’application, on a tous et toutes cette connaissance aux posts Strava bien léchés, nourris de données détaillées et agrémentées de photos ou de vidéos en pleine action. En seize ans, l’application Strava est devenue le réseau social presque incontournable des sportives et sportifs et bien plus encore. 

Une source de motivation

Cartes, parcours, messagerie, analyse de données grâce à l’intelligence artificielle, les fonctionnalités de Strava se développent autant que la communauté grossit. Il y a 10 ans, Marine se met à la course à pied. “Au tout début j’utilisais Nike Run Club et j’étais même réticente à passer à Strava par simple habitude”, rapporte la jeune femme de 26 ans. L’ergonomie de l’application finit par la convaincre et Strava devient le témoin de son évolution. “ En 10 ans ça été flagrant ! On commence toutes et tous quelque part, 3km autour de la maison des parents et puis ça se termine en Ironman et en marathon sur la muraille de Chine”, assure-t-elle.

Surentraînement et risques de blessures

Pour moi ça me permet de voir les parcours des gens avec qui je suis en lien, de suivre l’entraînement des coureurs professionnels et d’analyser leurs données physiologiques, indique Jérôme Laurent, cycliste amateur qui affiche 10 000 km à l’année (et pas un de moins !) sur son compte Strava. Après j’avoue que durant les périodes où je roulais moins, ça me stressait de voir toutes les séances des autres, cela créait un peu de frustration.”

C’est là où l’application montre ses deux facettes. “Pour le coureur sédentaire, ça va vraiment le booster dans sa pratique de voir les autres et ça c’est positif, affirme Paul Target, médecin du sport. Le côté pervers c’est pour ceux et celles qui vont vraiment en faire trop pour être plébiscités par les autres. Strava devient alors un bon catalyseur de surentraînement avec les risques de blessures que cela engendre. Cela joue également sur le rapport au sport de l’athlète, à son bien-être mental et cela est impactant. Je n’aborde pas assez cette notion avec mes patients mais je devrais car pour certains, Strava est une drogue.

Lorsque l’on regarde de plus près, Strava a le même fonctionnement que tous les autres réseaux sociaux. “C’est de la psychologie de marketing où il  y a des influenceurs parmi la communauté. Il y a ce besoin de faire fonctionner l’égo. Dès que la personne aura un kudo ou un commentaire, elle sera flattée et aura envie de recommencer. Les gens ont besoin de cette reconnaissance sociale car c’est la clé de leur engagement dans le temps et ce n’est pas un engagement avec eux-même”, regrette Stéphanie Barsotti, psychologue et coach en sport santé.

La course à l’exploit

Effectivement, en plus des données de distance, de vitesse moyenne, de géolocalisation, de fréquence cardiaque et de chronomètre, Strava a développé une fonctionnalité qui a fini d’asseoir sa renommée : le segment. « Ce sont sont des portions de route ou de chemins, que chaque athlète membre peut créer sur la plateforme et qui permet non seulement de se comparer avec d’autres athlètes de la communauté mais aussi soi-même  » explique Grégory Vermersch, responsable Strava France et Espagne.

Il en existe plus de 30 millions dans le monde et ils donnent lieu à un classement permanent qui permet d’aller chercher un fameux “kom”. Pour certain, c’est devenu un jeu, presque une obsession. “En ce moment, je me bats avec une personne strava pour un segment qui se trouve à côté de chez moi, témoigne Hadrien, qui s’est mis à la course à pied il y a 6 ans. Pour avoir le meilleur temps, j’ai dû essayer 75 fois. Depuis peu je me bats donc à distance avec une autre personne qui fait une seconde de moins que moi. Je ne suis plus roi, j’attends donc que la météo soit favorable pour retourner décrocher la couronne du temps.

Du lien social avant tout

Le running et le cyclisme étant des sports par essence solitaires, la plateforme Strava a permis de créer de véritables communautés de sportifs et sportives autour de ces deux disciplines phares. En 2024, Strava a analysé les milliards de données uniques générées par sa communauté mondiale en les combinant avec des informations issues d’un sondage global aléatoire mené auprès de plus de 5 000 sportifs, utilisateurs ou non de la plateforme. Les résultats révèlent que les individus du monde entier privilégient désormais l’équilibre à l’épuisement dans leurs routines sportives, tout en cherchant à renforcer les liens sociaux à travers leurs activités. « Cette année, les individus ont pris en main leur vie active en adoptant des routines plus équilibrées, axées sur la connexion sociale plutôt que sur l’épuisement », déclare Zipporah Allen, directrice marketing de Strava dans un communiqué. En effet, 58 % des répondants ont déclaré avoir noué de nouvelles amitiés via des groupes sportifs.

Pour 2025, l’application sort ses plus beaux atouts marketing pour que ses membres s’envolent vers « leur meilleure année ».

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