Jeudi 26 juin, lors de la soirée « Breaking 4 » en l’honneur de Faith Kipyegon, trente équipes féminines venues du monde entier ont disputé un mile effréné sous forme de relais 4 × 400 m au stade Charléty, à Paris. Sur les traces de l’icône kényane, les athlètes se sont surpassées, relais après relais, galvanisées par un public en ébullition. Dans les tribunes, une énergie folle régnait, entre pas de danse au rythme du DJ et encouragements à en perdre la voix. Une ferveur qui a porté les coureuses jusqu’à la ligne d’arrivée. © Blocks League

La Blocks League clôturée par une ultime édition 100% féminine

Piste
30/06/2025 17:55

Jeudi 26 juin, lors de la soirée « Breaking 4 » en l’honneur de Faith Kipyegon, trente équipes féminines venues du monde entier ont disputé un mile effréné sous forme de relais 4×400 m au stade Charléty, à Paris. Sur les traces de l’icône kényane, les athlètes se sont surpassées, relais après relais, galvanisées par un public en ébullition. Dans les tribunes, une énergie folle régnait, entre pas de danse au rythme du DJ et encouragements à en perdre la voix. Une ferveur qui a porté les coureuses jusqu’à la ligne d’arrivée.


Rares sont les événements uniquement consacrés à la mise en avant des femmes, encore plus lorsqu’ils prennent place dans la sphère sportive. Ce jeudi soir, la Blocks League, une compétition en équipe implantée dans la rue qui s’est déroulée de février à juin, revenait pour une édition inédite, 100 % féminine. L’occasion rêvée de prolonger une soirée déjà bien lancée, au cœur de l’arène des passionnés de piste. Adieu la rue (et les quatre lieux investis lors de la Blocks League : La Villette, le Vélodrome Jacques Anquetil, La Défense, la BNF), et bonjour au tartan bleu du stade parisien. Une particularité de cette édition spéciale qui a ravi plus d’une habituée de la compétition. « C’est top. C’est sur une piste, ça nous rapproche un peu plus de ce qu’on fait », s’est réjouie Noémie Bellenger, coureuse de 800 m au club de Meaux.

| Un format pour faire perdurer le plaisir

Trente équipes, ça représentait un paquet de concurrentes prêtes à en découdre dans la zone de préparation. Réparties en quatre poules, on retrouvait des clubs FFA comme le PUC, le CA Montreuil ou Paris Run Club, des collectifs de running tels que We’ll Run et Eightlines, ainsi que des marques françaises comme Alltricks, Distance, Quartorze, mais aussi étrangères comme Britanniques Sports Direct et Pro-Direct, ou les Allemandes Top4Running et Zalando.

Chaque membre d’une équipe courait un 400 m à fond, avant de passer le témoin à sa coéquipière. Le niveau très varié des participantes, certaines licenciées en club depuis des années, d’autres récemment arrivées dans l’univers du running, créait un écart considérable dès les premiers passages de relais. Mais cela n’a entravé en rien le plaisir pris par les coureuses pendant l’épreuve. En pleine célébration avec ses coéquipières de We’ll Run, Sophie Delafoy était comblée : « C’était incroyable d’avoir le stade juste pour nous ! J’ai eu des frissons au bout de 200 m. Un rêve. C’est une fois dans une vie. »

À l’issue du relais 4 × 400 m, la première équipe de chaque poule se qualifiait automatiquement en finale, tandis que les quatre suivantes jouaient leur qualification au temps. La finale a été pleine de suspense, grâce aux dernières relayeuses au coude à coude jusqu’à la ligne d’arrivée. Très relevée, la course s’est conclue par la victoire des Néerlandaises de l’équipe All4Running, avec un chrono impressionnant de 3’48″88. Les quatre coureuses, conscientes de leur bon niveau, étaient tout de même surprises d’avoir gagné… pour un dixième seulement devant leurs poursuivantes d’Eightlines 1. L’équipe I-Run, composée de licenciées du club de Maisons-Alfort, complétait le podium. « On a quasiment toutes couru en 57/58. On est des filles qui tournent à peu près en moins de 55 normalement, donc c’est costaud d’avoir fait ça en baskets », racontait Camille Precart, l’une des relayeuses d’I-Run.

| Équipée pour performer 

Avant de s’élancer pour leurs relais, les 120 participantes, divisées en 30 équipes, étaient équipées de la tête aux pieds par l’organisateur de l’événement. Bien accueillies, elles disposaient de vestiaires qui leur permettaient de troquer leur tenue de sport habituelle contre un ensemble noir Nike : un short, une brassière, un débardeur floqué du nom de leur équipe, des chaussettes, et une paire de Vaporfly, bien plus légère que les Vomero exposées dans l’espace réservé aux coureuses, à tester pour l’occasion.

Blocks League Paris
© Blocks League

| Un événement exclusivement féminin

C’est exceptionnel que les femmes se retrouvent sur la piste, tandis que les hommes restent sur le bas-côté pour les encourager. Quand Nike a invité Eightlines à animer la suite de l’événement « Breaking 4 », les membres du collectif n’ont pas hésité une seconde à l’idée de mettre enfin les femmes sous les projecteurs. « C’est incroyable, parce que c’est dans un stade, ce sont les femmes qui sont mises à l’honneur. Ça court très vite ! Il y a du niveau », confiait Moussa Diallo, co-fondateur d’Eightlines et présentateur des étapes de la Blocks League avec son collègue Jeremy Derrien.

Interrogées sur cet événement qui leur était dédié, les athlètes affichaient souvent un large sourire et s’exclamaient : « Oui, il y avait très peu d’événements comme ça ! », manifestement heureuses d’en faire partie. « Ce qui était formidable, c’est qu’on s’est toutes senties pleinement à notre place », s’enthousiasmait Sophie, visiblement ravie d’avoir couru avec We’ll Run.

Les huit représentantes du crew We’ll Run ont apprécié la présence de leurs homologues masculins, venus en nombre pour les soutenir. Johan est ravi, mais épuisé de s’être donné autant pour encourager ses partenaires d’entraînement : « Ça fait vraiment plaisir de donner de la voix. Par contre, je n’ai plus rien. Plus de voix, plus de jambes. J’ai couru à côté d’elles dans le dernier virage, parce que je sais que c’est là que le 400 m est le plus difficile. »

| Se dépasser ensemble 

Au-delà de la dimension féminine, cet événement a permis de se mesurer aux autres et de repousser ses propres limites. Sophie Delafoy, de l’équipe We’ll Run, confiait : « Au début, on n’était pas très confiantes face à la qualité des athlètes présentes. Mais finalement, c’était incroyable, on s’est dépassées et on a donné tout ce qu’on avait. » Une expérience qui a donné à beaucoup la motivation de s’entraîner davantage. Amélia Ben Youssef, sa coéquipière, confirmait : « Ça m’a vraiment donné envie de me pousser davantage, de faire plus de piste et d’améliorer mes performances. »

Hafsia, l’une des coureuses de la team Zalando, co-fondatrices de Run’Elles et marathonienne, a quitté le bitume pour la piste ce jeudi. Une expérience intense qu’elle a daigné nous raconter : « C’est là où je me rends compte qu’il faut s’entraîner. J’ai pris un bon départ, mais à la fin j’ai douillé. Mais bon, une occasion comme ça, tu ne l’as pas tous les jours. » Wanissa Mettiche, ancienne sprinteuse et perchiste licenciée à Maison-Alfort, surnommée autrefois Allyson Felix, a rejoint l’équipe Run’Elles pour dépanner. « Ce n’était pas mon épreuve de prédilection, mais j’ai relevé le défi avec plaisir. Ça m’a même donné envie de reprendre l’athlétisme sérieusement. Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter », disait-elle charmée par cette expérience.

Cette soirée particulière, où les femmes, autant la star kényane Faith Kipyegon, que toutes les championnes présentes sur la piste ce jeudi, célébrait bien plus que le sport, la performance ou le dépassement de soi. Elle montrait l’importance d’être ensemble et d’oser se lancer, comme le rappelle si souvent la recordwoman du mile, qui a tout donné pour franchir la barre des 4 minutes sur la distance. Offrir aux femmes un espace qui leur est dédié, c’est aussi leur permettre d’exister, de s’affirmer et d’inspirer les générations futures.


Sabine LOEB
Journaliste

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