Urban Trail de Lille : Bastien Augusto, Fabien Palcau et Célia Tabet supersoniques
Le 10 km de l’Urban Trail de Lille aura souri aux Tricolores, à l’image de Bastien Augusto (27’30) et Fabien Palcau (27’31), qui ont pulvérisé leurs records personnels. Les palmes sont revenus aux Kényans John Lomoni Aimun (27’13) et Brenda Jepchirchir (30’04). Sur le 5 km, Célia Tabet a frappé un grand coup, devenant la troisième meilleure performeuse française de tous les temps en 15’08. Coup de projecteur en direct du Boulevard de la Liberté.
Lièvre pendant cinq kilomètres et claquer un chrono en 27’30. Impensable de prime abord, Bastien Augusto a fait mentir tous les passionnés de course à pied ce samedi 15 novembre. Le fondeur du Bourges Entente Athlétisme a grapillé 10 secondes à son temps de référence jusqu’alors, réalisé… à Lille, en 2023. « J’ai su ça vendredi à 20 h 30. Il (Jean-Pierre Watelle) a appelé mon coach (Bastien Perraux) comme quoi il cherchait un lièvre, révèle celui qui a été flashé en 28’22 au 10 km du MAIF Ekiden de Paris le 2 novembre. Je suis en pleine prépa marathon (de Valence le 7 décembre). J’avais 160 kilomètres (cette semaine) avant le départ, 215 la semaine dernière. Je suis en pleine charge. »
Il avait beau imaginer tous les scénarios : jamais il n’aurait penser effacer sa marque de référence, 5e meilleur chrono français de tous les temps en prime. « Je m’étais dit pourquoi pas finir si je suis bien. J’ai tenté à ça a tenu jusqu’au bout ». Le poing rageur sur la ligne, le Berruyer en avait encore sous le pied en lièvrant les deux premières kilomètres (passage en 5’30) du 5 kilomètre qui s’est tenu une heure plus tard. La Capitale des Flandres lui réussit. À chaque participation en terres nordistes, le 15e des championnats d’Europe de running sur semi-marathon s’adjuge un nouveau RP : 28’15 en 2022, 27’40 en 2023, et donc 27’30 en 2025. À quand pour s’approcher des 27 minutes et du record de France d’Étienne Daguinos (27’04) ? Inutile de poser la question du lieu de réalisation de ce chrono lunaire : Lille est la terre de tous les exploits.
| « Un vrai travail d’équipe dans l’adversité »
En parlant de chrono, Fabien Palcau a fait lui aussi très belle impression dans les rues lilloises. Sur les pas de son compatriote, le cinquième des championnats de France Elite à Talence sur 5000 m a lui aussi fait chauffer le bitume. Flashé en 27’31, le sociétaire de Dijon UC a dépoussiéré des tablettes son ancien record, porté à 27’54. À Lille. Encore et toujours. En mars dernier. Alors qu’il échangeait avec son entraîneur sur sa séance de récupération à venir à une centaine de mètres de l’arrivée, le tout frais sixième meilleur performeur tricolore et cinquième de la course s’est livré, sourire aux lèvres.
« Bastien Augusto devait partir sur des bases de 13’45 (27’30 au 10 km). J’étais sur de valoir autour des 27’40. Mon coach était plus optimiste. Sur un 10 km, il vaut mieux toujours être un peu humble, partir un poil plus lent. Mais des fois, il faut aussi savoir prendre des risques et saisir des opportunités. En mars, ça ne m’avait pas réussi parce que je passe un peu plus vite (au 5 km) mais j’explose. Cette année, il y avait la possibilité de repartir sur les bases de 13’45. Je me suis dit : ‘tu colles, tu verras bien’. Bastien a fait un boulot incroyable », dévoile-t-il.

« Je le vois continuer. J’essaye de profiter de cette synergie entre nous deux. On s’est passé des relais. On a fait un beau travail d’équipe. Quand on rentre dans la citadelle (vers le 7e kilomètre), chacun essaye de lâcher l’autre. Ça nous a poussés dans nos retranchements. On se tire dans la bourre jusque dans les deux cents derniers mètres, où chacun attaque à tour de rôle. Un vrai travail d’équipe dans l’adversité. »
Déçu de sa performance au Semi-Marathon de Valence (1h02’37) « malgré une très bonne préparation », le Dijonais sera au départ du Cross d’Allonnes le week-end prochain, avec en ligne de mire la sélection pour les championnats d’Europe (14 décembre à Lagoa, au Portugal). Simon Bédard s’est lui aussi illustré, neuvième en 28’14. La victoire est tombée dans l’escarcelle du Kényan John Lomoni Aimun, chronométré en 27’13, qui a abaissé son record personnel de près d’une minute (28’02 le 16 mars 2025 à Lille).

| Brenda Jepchirchir seule au monde, Mélanie Allier performe
Attention : pépite de l’athlétisme en approche. La toute jeune Brenda Jepchirchir pourrait bien jouer les premiers rôles dans les années futures. Créditée de 30’04, la Kenyane de 20 ans s’est envolée dès les premières foulées, ne laissant aucune chance à ses adversaires du jour, la Néerlandaise Maureen Koster (30’57) et la Suédoise Sarah Lahti (30’58). Celle qui portait le dossard 108 a relégué la première Tricolore Mélanie Allier à plus de deux minutes, sixième en 32’41, nouveau chrono de référence à la clé.
« J’avais fait 32’47 à Aix-les-Bains en mars. J’étais surtout venue avec l’objectif de retrouver un peu de plaisir et des sensations, explique celle qui a mis le clignotant au semi-marathon de Valence le 26 octobre. Je passe plutôt vite aux 5 kilomètres (en 16’04). À la citadelle, c’était un peu plus dure. J’explose. J’étais toujours avec des gars. »
| Célia Tabet impressionne avec un chrono de 15’08 sur 5 km
On l’avait croisée au 10 km de Lille en mars dernier (32’40) puis au Meeting de Carquefou (15’39 »15 sur 5000 m). On l’a retrouvée au 5 km cette fois-ci en novembre. Peu importe le chrono, Célia Tabet ne change pas : son sourire rayonne toujours autant. Et encore plus quand elle vient de pulvériser son chrono de référence de près d’une minute (16’02 contre 15’08), synonyme de troisième meilleur temps tricolore, derrière Cassandre Beaugrand (14’53 en 2025) et Sara Benfares (14’58 en 2022). Une belle revanche après une quatrième place frustrante aux championnats de France de 5 km il y a trois semaines.
« À Fréjus, je sortais d’un 20 km (de Paris, en 1h06’55). Je n’avais pas les mêmes bases. Le trajet de la veille s’est mal passé. J’avais les jambes très lourdes, reconnait-elle. Avant Lille, j’avais fait des bonnes séances, mais je partais plutôt sur 15’20. Je suis très contente. C’est de bonne augure pour la semaine prochaine les qualifications aux Europe ». On pourrait bien la revoir ici-même l’année prochain sur le semi-marathon, pour celle qui « déteste la piste ».
Devant son public, le natif de Villeneuve d’Ascq Arthur Gervais, à quelques encablures du bastion socialiste, s’est classé quatrième en 13’32 et premier Français. Le champion du monde universitaire sur 5000 m a été devancé par Clinton Kimutai Ngetich (13’20), qui s’est empêtré dans la banderole causant une chute sans gravité, et Melkeneh Azize (13’27). « La semaine s’est très mal passée. Je n’ai pas pu m’entraîner parce que j’avais un point de côté. Je n’étais même pas certain de courir. Au final, je n’ai pas respecté la consigne du coach, qui était de mettre le frein. Les kilomètres s’enchaînent facilement. J’ai un groupe d’africains avec moi. Je ne fais que de remonter. À la fin, on est deux avec Ruben Verheyden (3e en 13’29). Dans les derniers 400 mètres, il était beaucoup plus fort que moi. C’était dur de s’accrocher à lui », révèle l’intéressé.
Difficile de redescendre de ce nuage après des records personnels à la pelle à l’Urban Trail de Lille ce samedi. Magistraux, Bastien Augusto, Fabien Palcau et Célia Tabet ont confirmé leur place dans le gratin de l’athlétisme tricolore. La réunion nordiste, qui avait lieu traditionnellement en novembre, sera organisée le 4 avril 2026 (après les élections municipales). Philippe Lamblin, président de la Ligue Nord-Pas-de-Calais, a par ailleurs annoncé la date du retour du marathon dans la capitale des Flandres, fixé au 25 octobre 2026. Le macadam nordiste n’est pas prêt de refroidir.
✔ Tous les résultats de l’Urban Trail de Lille 2025

Renaud Chevalier
Journaliste