Frime, manque de confiance, besoin de reconnaissance, ou par simple fierté ? Pourquoi les coureurs ressentent-ils (presque) toujours le besoin de raconter leur course, même quand personne ne leur a rien demandé ? C’est un phénomène aussi courant qu’inexpliqué. Alors, on a tenté de creuser. Voici quelques hypothèses, forcément subjective, mais pas totalement dénuées de sens. © Azur Sport Organisation

Pourquoi tu racontes toujours ta course ? Même quand personne n’a demandé

17/07/2025 21:23

Frime, manque de confiance, besoin de reconnaissance, ou par simple fierté ? Pourquoi les coureurs ressentent-ils (presque) toujours le besoin de raconter leur marathon, même quand personne ne leur a rien demandé ? C’est un phénomène aussi courant qu’inexpliqué. Alors, on a tenté de creuser. Voici quelques hypothèses, forcément subjective, mais pas totalement dénuées de sens.


| Hypothèse 1 : Rien de plus intéressant

Au bureau, le lundi, c’est le grand débrief du week-end. Cécile raconte son passage chez les beaux-parents, Maël détaille son marathon de jeux vidéo, et Pascale est toute fière d’avoir vendu une commode sur Le Bon Coin. Mais toi, tu as couru un vrai marathon. Alors forcément, quand la fameuse question tombe : « Et toi, ton week-end ? » Impossible de résister. Et là, c’est parti : « J’étais à Nice pour le marathon. Temps parfait : soleil, mais pas trop chaud. Organisation au top, ravitaillements de qualité, sauf au 35e kilomètre, j’ai eu une crampe, et devine quoi ? Pas de spray fraîcheur immédiat. Bon, j’ai tenu bon. Et puis, juste avant la ligne d’arrivée, une dame a fait un malaise juste devant moi… Mais j’ai terminé fort, vraiment en forme. » À ce moment-là, plus personne n’écoute. Chacun a replongé dans ses mails. Et toi, tu retournes à ton poste, un sourire en coin. Parce que oui, tu sais que ton week-end était quand même un peu plus épique que celui des autres.


| Hypothèse 2 : C’est (un peu) de la frime

Objectif annoncé : 3 heures pour boucler les 42,195 km. Trois mois d’entraînements intensifs avec le coach, une discipline de moine, des sorties longues à l’aube. Et à l’arrivée, jackpot : 2h59’07 au chrono. Alors forcément, ça ne reste pas longtemps secret. « Ah oui, moi j’ai fait sub 3 à mon dernier marathon. Franchement, tranquille. » Et cette petite phrase devient un badge d’honneur, qu’on dégaine à la moindre occasion. Même (et surtout) quand personne ne pose la question. « Salut ! Enchanté. Au fait, toi t’as déjà fait un marathon ? Non ? Ah, parce que moi oui, sub 3, tu vois…« 


| Hypothèse 3 : La passion des dissertations

Introduction, problématique, déroulé en 3 axes, conclusion et ouverture. Voilà la méthode des coureurs pour répondre à la question « Et toi ta course ? Ça a été? », si la personne qui a posé la question savait… La réponse qui l’attend est loin d’être brève. Du déplacement au retrait des dossards, sans oublier les mésaventures, le gel périmé, la course, la chute au 38ème, la ligne d’arrivée, la médaille, le tee-shirt finishers trop grand ou encore la navette retour. Bref, la réponse ressemble à une copie double, “Et si la ligne d’arrivée n’était qu’une illusion, un leurre pour donner un sens à l’effort ?” est le sujet. Vous avez 4 heures.


| Hypothèse 4 : Partager la passion du sport

Ils n’ont rien demandé, mais ce sont des amis sportifs, donc forcément… ça va les intéresser. C’est du moins ce que se dit le coureur au moment de lancer, avec enthousiasme, le récit de son marathon. Sauf que dans les faits, l’un joue aux échecs, l’autre au golf, Emma pratique l’équitation et Jérémy saute en parachute. Autant dire que les débats passionnés sur les oranges collantes au ravito, les galères de dossard mal accroché ou l’allure au kilomètre risquent de ne pas susciter une grande ferveur. Mais le coureur persiste, convaincu qu’au fond, le sport unit tout le monde. Même si, autour de la table, on commence déjà à parler du dernier épisode d’une série ou du tournoi de bridge de tante Monique.


| Hypothèse 5 : La course à pied est une drogue

Après le marathon, c’est repos forcé. Pas de sortie, pas de fractionnés, pas même un petit footing de récup. Le corps se régénère, mais l’esprit, lui, tourne encore à plein régime. Alors pour combler le manque, on remplace la pratique par la théorie. À défaut de courir, on en parle. En boucle. L’occasion parfaite pour rejouer, kilomètre par kilomètre, sa dernière course : les jambes légères au départ, la montée du 27e, la crampe au 35e, le sprint final, la médaille. Une façon comme une autre d’apaiser le sevrage. Parce qu’au fond, la course à pied, c’est un peu une addiction, et raconter, c’est continuer à courir, mais avec les mots.


| Hypothèse 6 : L’accomplissement d’un rêve, quelle fierté

Ce Marathon de Paris, c’était le défi de l’année 2025. Un sacré challenge, tout juste un an après s’être mis à la course à pied. Pari accepté, défi relevé : un marathon, 42,195 kilomètres. Impossible de retenir sa joie, l’envie de le dire à tout le monde, sans trop savoir pourquoi, d’ailleurs.


| Hypothèse 7 : L’effet réseaux sociaux

Entre Instagram et Strava, le résumé de course c’est sacrément important. Vous y avez tellement réfléchi que vous connaissez la description du post par cœur. Du coup, pour parler de votre exploit, vous récitez votre texte.

Le coureur qui raconte sa course n’est pas toujours en train de frimer. Il cherche souvent à donner du sens, créer du lien ou affirmer son existence dans un monde où tout va vite, et où même les efforts ont besoin d’être comme justifiés et validés. 

Mélissa Mergoil

Mélissa MERGOIL
Journaliste

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